Ces petites pierres...

9 Novembre 2014

Nous venons d'entamer cahin-caha la seconde année scolaire du collège. La première année a été difficile ; la seconde ne le sera pas moins mais nous devons tenir, nous devons continuer d'y croire même dans les moments de doute et de questionnement, nous devons poursuivre notre inspiration première car c'est elle qui nous a permis d'oser tous les risques, toutes les initiatives, c'est elle qui a favorisé toutes les rencontres enrichissantes, tous les encouragements et les initiatives en faveur du collège et de ses élèves depuis Septembre 2013.

J'utilise le pronom "Nous" car, bien qu'étant la fondatrice et directrice, donc seule comptable des choix, décisions et résultats de cet établissement, j'intègre dans mon appréciation du projet toute mon équipe d'encadrement et tous mes proches, parents et amis, qui, chacun à sa manière, m'épaulent et m'aident à avancer.

Par difficile, j'entends sur un plan financier plus particulièrement car dans une commune rurale comme celle où se trouve le collège, pleine de potentiel certes, mais qui demande à être organisé et promu auprès des populations et organismes tiers - ce qui est la mission des autorités politiques et administratives locales, les ressources demeurent encore très faibles. Ainsi, les parents d'élèves, petits paysans pour la plupart, se trouvent souvent démunis devant l'obligation de scolariser leurs enfants et ont bien du mal à faire face aux frais de scolarité, même s'ils sont étudiés au plus serré.

A la question du coût de la scolarité dans mon établissement, ma réponse : "Tout ce que je vous demande, me permettre de payer mes professeurs, ceux-là mêmes qui vont enseigner vos enfants" ai-je répété lors d'une tournée de sensibilisation que j'ai dirigée en compagnie d'une délégation de professeurs aux notables des villages de la commune les priant d'être notre relais auprès de leurs populations.

La réalité est rude. Et à la rentrée, en octobre 2014, nous n'avons pas ressenti le retour bénéfique de cette initiative de communication et de proximité. Les effectifs de nos classes sont demeurés faibles. Il va me falloir puiser et déployer toute l'énergie positive qui me reste pour trouver les solutions à toutes les problématiques auxquelles l'école devra faire face.

Une fois le choc passé, progressivement je me ressaisis :"Retrousse tes manches. Lève la tête ! Ne pense pas que tu es seule et avance !" La meilleure façon d'avancer, me semble-t-il, est de constater certes qu'il y a des problèmes, mais d'avoir l'humilité d'accepter qu'on ne peut pas tout résoudre en même temps ; il suffit de faire en toute conscience ce que l'on peut à l'instant T sans se préoccuper à l'excès du lendemain. Exercice parfois douloureux pour nos ego souvent surdimensionnés mais qui pourtant est source de bien des surprises.

Et ces petites pierres ça et là jonchent notre route, elles apparaissent pour nous aider à poursuivre notre quête malgré les embûches, les obstacles, les barrières que nous mêmes parfois dressons devant nous quand nous doutons, avons peur, ne savons plus...

Et Paulo Coelho dans L'Alchimiste, de nous confirmer de si belle façon que "quand on veut une chose, tout l'Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve".

Ainsi, des rencontres et échanges revigorants, des dons :

de livres qui nous ont permis de mettre à la disposition de nos élèves plus de 800 ouvrages de tous genres que nous nous appliquons à les encourager à lire ou consulter,
d'ordinateurs grâce auxquels nous avons pu équiper notre administration, la salle des professeurs, mais surtout une salle informatique afin de dispenser à nos jeunes collégiens des cours d'initiation à l'informatique,
de fournitures scolaires que nous avons convenu de distribuer aux élèves en récompense de travaux personnels bien exécutés,
de matériel pédagogique et ludique dont nous faisons bénéficier professeurs et élèves démunis.
etc.

Les besoins se révèlent aujourd'hui illimités.

Mais la route est encore longue et il faut apprendre à regarder le verre à moitié plein...